Le Rebond ou le Quiétisme du Yin Yoga
Le Rebond est le Déploiement de la Posture.
S.Pucelle -
Si nous considérons les qualités du Yin Yoga, il est aisé de reconnaître une pratique du lâcher prise à laquelle s’ajoute celle de l'introspection. Ces derniers deux éléments constituent l'alpha et l'oméga de la pratique, permettant au pratiquant de se soustraire lentement de son système nerveux, puis d'élargir sa conscience à un éventail plus large de perceptions internes.
En d'autres termes, la relaxation est la voie, l'observation est la clé de la pratique.
Ainsi, nous avançons sur un territoire inexploré où les rivages continuent d'apparaître au fur et à mesure que nous approfondissons notre relation au corps.
Le rebond est le déploiement de la posture. La polarité des choses dans l'univers se traduit mieux par la coexistence, l'un des enseignements centraux du Taoïsme étant l'acceptation des opposés comme un mouvement qui se déploie dans l'unité.
Par exemple, le verset 40 met l'accent sur le mouvement perpétuel de l'univers. Sa source et le mouvement de retour à la source comme voie.
Tao Te Ching 40. Le retour est le mouvement du Tao.
Céder est la voie du Tao.Toutes choses naissent de l’être.
L’être naît du non-être.—————————————
Ou encore le verset 42 qui énumère la cosmogonie à partir d'une source unique. Les Taoïstes appellent cet état primordial le Tao.
Tao Te Ching 42. Le Tao donne naissance à l'Un.
L'Un donne naissance au Deux.
Le Deux donne naissance au Trois.
Le Trois donne naissance à toutes choses.
À la lumière de cette prémisse, la source primordiale est manifeste à travers tout le reste, tous les mouvements, phénomènes et transformations ne sont que des manifestations d'une source unique en équilibre ou quiescence "état ou qualité d'être inactif". Les Taoïstes appellent cela "le Yin dans le Yin".
Si nous revenons à notre pratique posturale du yoga, nous pouvons constater qu'un asana comporte deux aspects,
L'acte d'entrer et de rester dans la pose,
Les effets qui se produisent lorsque nous relâchons la pose et nous relaxons.
En d'autres termes, la posture et le rebond ou Asana et Shavasana.
Si nous examinons de plus près la signification et la fonction de Shavasana, nous pouvons noter ce qui suit.
La première trace écrite de shavasana se trouve dans un texte classique de yoga du 15e siècle, le Hatha Yoga Pradipika, qui indique : "S'allonger sur le sol, comme un cadavre, s'appelle Shavasana".
Shavasana est destiné à régénérer le corps et l'esprit.
Dans cette pose, la respiration devient plus profonde et le stress accumulé est libéré. Le yogi se détend profondément et abandonne tout effort psychologique.
D'un point de vue physiologique, Shavasana sert de processus de récupération pour réharmoniser le système nerveux et détendre les tissus du corps.
L’étymologie sanskrite de Shavasana ou Mrtasana portent tous deux la même signification autour de la mortalité.
La posture de Shavasana est souvent traduite comme la pose du cadavre et mrta en sanskrit signifie la mort.
Il est clair que la pratique de Shavasana ne correspond pas à la définition médicale de la mort, telle que la perte permanente des fonctions circulatoires et respiratoires. Les médecins légistes se basent généralement sur la "mort cérébrale" ou "mort biologique" pour définir le décès d'une personne ; une personne est considérée comme morte lorsque l'activité électrique du cerveau cesse. On suppose ici que la fin de l'activité électrique indique la fin de la conscience.
Il est possible de définir la vie en terme de conscience.
Lorsque la conscience cesse, on peut dire qu'un organisme vivant est mort, mais la conscience s'arrête-t-elle jamais ?
La philosophie et métaphysique du yoga affirment le contraire.
D'un point de vue dharmique (religions hindouiste et bouddhiste), la mort implique une transition lente d'un état spirituel à un autre. Dans le domaine médical, pour qu'il y ait décès, la suspension de la conscience doit être permanente et non transitoire.
La posture Shavasana est-elle une forme de saillance de la mortalité ? (prise de conscience de l’inéluctabilité de la mort).
Oui, dans une certaine mesure, mais uniquement pour permettre au pratiquant d'entrer en contact avec le principe de transcendance.
Ainsi, le rebond qui prend place après l'asana, consiste à “mourir” au rapport conventionnel que nous entretenons avec notre être pour accéder à un nouveau véhicule d'introspection.
Il y a presque quelque chose de mystique dans ce nouveau modus operandi, car nous sommes dans la transcendance de notre identité. Dans le processus du rebond, il n'y a plus d'acte à produire, plus d'effort à fournir, nous ne sommes personne, nous n'allons nulle part.
De cet état dépourvu d'activité extérieure, un état de "passivité" et de quiétude confiante émerge, cet état est aussi appelé quiétisme. Une contemplation "passive ou unitive", dans laquelle le pratiquant est absorbé dans la présence du moment présent. Pour les yogis/yoginis, l'abstraction aux différents corps (physique, astral et causal) et l'union avec l'absolu avant la mort est le but de la vie.
Une typologie similaire d'expérience mystique se retrouve non seulement dans le Taoïsme ou l'Hindouisme, mais aussi dans le Néo-platonisme et la Mystique chrétienne. La sagesse pérenne se trouvant indéniablement dans les actes les plus simples de la vie.
Les 2 Aspects du Rebond
En termes plus prosaïques, nous pouvons définir 2 aspects du rebond dans la pratique du Yin Yoga,
1- Un rebond mécanique qui nous laisse exposés, fragiles et vulnérables.
2- Un rebond énergétique qui est la promesse d'une expérience de désidentification.
Les fascias et autres tissus conjonctifs s’adaptent au stress appliqué par la tenue et la durée de la posture. Lorsque nous relâchons la posture, les tissus conjonctifs rebondissent pour retrouver leur intégrité initiale, induisant un sentiment de vulnérabilité qui envahira le pratiquant pendant 30 secondes à 1 minute.
La sensation d'inconfort pendant le rebond mécanique diminuera progressivement en faveur d'une deuxième profondeur, cette fois-ci énergétique.
Le rebond énergétique est une occasion d'éclipser notre relation au corps physique ainsi que tous les conditionnements qui l'accompagnent. L'inconfort se transformera d'abord en un sentiment de contentement et au fur et à mesure que nous continuons à observer le complexe corps-esprit, une douce extraction de celui-ci se produira simultanément.
Nous donnant l'opportunité de nous désidentifier de l'ego totalitaire, nous laissant dans un état d'être spacieux, familier et insondable.
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